samedi 18 juin 2011

Songe à celà, plus tard, qu'il t'en souvienne ...

« … Et, dieu de l’abîme, les tentations du doute seraient promptes

Où vient à défaillir le Vent … Mais la brûlure de l’âme est la plus forte

Et contre les sollicitations du doute, les exactions de l’âme sur la chair

Nous tiennent hors d’haleine, et l’aile du Vent soit avec nous ! »

Saint – John Perse

« J’ai livré mes jours à un abîme qui monte et descend sous mon attelage

J’ai creusé ma sépulture dans mes yeux

Maître des ombres, je leur donne ma nature

Hier, je leur ai donné ma langue et j’ai pleuré pour l’histoire vaincue qui trébuche sur mes lèvres

Pour la terreur dont les arbres verts ont brûlé dans mes poumons.

Maître des ombres, je les frappe

Je les mène avec mon sang, avec ma voix.

Le soleil est une alouette à qui j’ai tendu mes collets

Le vent est mon chapeau. »

Adonis

« Et là, affolés au vent qui les fouettent, s’élargissent les naseaux

Le maître des chevaux fantômes débride les encolures

Brider les chevaux les rend plus impérieux encore

Ils cambrent leur échine

Délacent en un tour de rein les chaînes des corps complices

Et là, au sang des peaux arrachées

Ils offrent aux alouettes des crins d’acajou

Les nids aux faîtes des vaisseaux n’ont cure de vos promesses

Ils bravent les tempêtes et se drapent d’audace

Les vents, de jour comme de nuit sourient aux messagers de l’oubli

C’étaient des hommes et femmes libres au passage des éclipses

Ils hantent les vastes plaines et piétinent vos horloges

Vos temps ne seront plus les leurs

Vos vents ne sont plus leurs vents

Proue délivrée aux vaisseaux en partance … »

Kaïkan

« J’ai détruit mon royaume

J’ai détruit mon trône, mes places et mes portiques

Et retenant mon souffle, je suis parti chercher

Apprendre à la mer mes pluies

Lui livrer mon feu et mon brasier

Inscrivant le temps à venir sur mes lèvres.

Aujourd’hui, j’ai mon langage

J’ai mes frontières, ma terre et ma marque

J’ai mes peuples qui me nourrissent de leur incertitude et s’éclairent de mes décombres et de mes ailes »

Adonis

« C’est en ce point de ta rêverie que la chose survint : l’éclair soudain comme un Croisé ! – le Balafré sur ton chemin, en travers de ta route.

Comme l’inconnu surgi hors du fossé qui fait cabrer la bête du Voyageur.

Et à celui qui chevauchait en Ouest, une invincible main renverse le col de sa monture, et lui remet la tête en Est. « Qu’allais-tu déserter là ?... »

Songe à cela plus tard, qu’il t’en souvienne !

Et de l’écart où maintenir avec la bête haut cabrée, une Ame plus scabreuse »

Saint – John Perse

3 commentaires:

  1. Quelle connivence et harmonie entre ces fils et fille du Vent !

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  2. " Le soleil est une alouette à qui j’ai tendu mes collets

    (...)

    C’étaient des hommes et femmes libres au passage des éclipses

    Ils hantent les vastes plaines et piétinent vos horloges

    Vos temps ne seront plus les leurs (...) "

    Adonis et toi vous donnez la réplique...
    Exprimer sans trève ce qui fleurit en nous,
    Regrets et rêves compris...

    Beau dimanche à toi de même, Kaïkan !

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  3. J'aime tout ceci, si fort si beau, si charnel et de sang, j'aime toute cette vie... mais c'est ici que je fais le choix de m'arrêter un peu pour converser avec toi avec eux, ces vertébrés d'or.

    Je t'embrasse amie de coeur et d'âme

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