samedi 27 mars 2010

De momies et d'ailes ...


De momies et d’ailes
Voiles gonflées au chemin d’Osiris

Projet art/terre en phases de lune
En collaboration avec Bruno Groensteen
http://www.mouscron.org/

Et si l’espace d’une semaine…

Et si l’espace d’une semaine un voile se levait aux Mystères égyptiens, il nous serait donné alors de percevoir la rotation de la lune autrement.

Souvenir de la terre que cette part arrachée d’elle-même, page qui s’ouvre au Mythe d’Isis et d’Osiris.
« Le chemin d’Osiris », disaient les anciens est le chemin parcouru par le mort lorsqu’il quitte la terre.
Chemin artistique en apnée, reflet de la lumière solaire …

C’est en terrain de friche (friche 2), où se côtoient vie et mort de la nature, que nous aimerions lever le voile.
Un cercle d’argile symbolisant la terre habitée en son centre par un jeune arbre érigé au ciel.
Autour, un 2ème cercle : 14 momies et 14 pans de tissu aux pieds desquels reposent 28 miroirs.

14 momies…

14 momies, 14 phases entre nouvelle et pleine lune.
14 morceaux errants du cadavre d’Osiris dépecé par Seth, morceaux dispersés aux 4 vents.
14 momies symbolisées par 14 armatures de treillis entremêlées de chanvre trempé dans le plâtre, squelettes métalliques parcourus d’artères végétales figées.

14 momies, 14 morceaux d’Osiris retrouvés par Isis, sa sœur et épouse, transformée en oiseau.

14 ailes …

14 linceuls, 14 phases entre pleine lune et nouvelle lune.

14 linceuls où s’impriment en empreintes la silhouette en cours de réalisation des momies.
14 voiles attachés au bonheur des branches environnantes symbolisant Isis oiseau.

Manque le sexe d’Osiris qu’Isis n’a pu trouver et qu’elle modèle dans le limon.

Au centre de la terre, le jeune arbre entouré de tissu trempé et caressé de terre en mémoire de ce geste.
Sexe érigé qui se nourrit du temps et dont l’ombre mouvante marque le cycle du temps - secondes, minutes, années qui passent - de la vie à la mort et de la mort à la vie.

28 miroirs …

Clin d’œil au ciel que traversent les 28 phases de la lune.

Aux pieds des momies et des linceuls, 28 miroirs, jeu artistique, reflets d’environnement et de passages.


En fin de semaine, la scène s’effacera au regard des hommes, laissant seul le jeune arbre comme souvenir de ce mythe.
Parions à croire que vous ne regarderez plus jamais le cheminement de la lune de la même façon, comme si Horus né de l’union d’Isis et d’Osiris vous avait offert son 3ème œil, celui–là même qui permet de voir le jour et la nuit.

Les facéties du temps, durant cette semaine nous seront alliées.

Le soleil - Râ – comme l’œil protecteur du père d’Isis et Osiris.
La pluie comme les crues du Nil qui emportent le coffre où repose le cadavre d’Osiris, crue du renouveau et de nouvelles récoltes aussi.
Le vent - Seth - que le conseil des Dieux condamna à pousser inlassablement la barque d’Osiris.

Que monte le chant d’une nuit d’été …

Que la traversée vous soit d’Art entre la Terre et le reflet lunaire de ces Mystères anciens.

dimanche 14 mars 2010

Réminiscence ...

Réminiscence , huile sur toile 1mx1m

" C' était il y a des lunes et nous avions eu chaud .
Il me souvient des femmes qui fuyaient avec des cages d' oiseaux verts;
des infirmes qui raillaient;
et des paisibles culbutés au plus grand lac de ce pays ... ;
du prophète qui courrait derrière les palissades ...
Et tout un soir, autour des feux; on fit ranger les plus habiles de ceux-là qui
sur la flûte et le triangle savent tenir un chant.
Et les bûchers croulaient chargés de fruit humain.
Et les rois couchaient nus dans l' odeur de la mort.
Et quand l' ardeur eut délaissé les cendres fraternelles,
nous avons recueilli les os blancs que voilà,
baignant dans le vin pur "


Saint - John Perse




vendredi 5 mars 2010

Une écume d'amertume s' inversera au cours du temps ...




Et j' ai vu au crépuscule de la cité engloutie s'élever des choeurs d' esclaves ...
Fil à plomb plombé d'usures et d'écorchures ...
Corps délabré au parvis de vos temples de pacotille ...
Il s'élève l' homme libre et ose ce chant silencieux à l'arrogance des mortels assoupis ...
Entends - tu du lointain de tes songes rire cette bouche édentée ?
Ton corps tressaille à cette présence invisible ...
Tes nuits brossent un pays inconnu ...
L'homme veille ...
Il a l'éternité des corps mutilés ...
Il aspire un souffle vierge aux échancrures d' un plastron maculé ...
Bientôt un cri inédit enchantera les neiges d'antan ...
Une écume d'amertume inversera le cours du temps ...