dimanche 12 février 2012

J'ai le coeur en tristesse ...


J’ai le cœur en tristesse et l’âme déployée en cette heure

Tant de souffrance et de beauté se côtoient en ce monde

Comment ne pas en perdre le Nord ?

Mes mots seront de missive ce soir

Comme des mots adressés à un ami

Comme des verbes offerts au lieu

Je revois les défunts, tous ces défunts proches qui ont quitté leur corps et j’ai l’âme en peine

Ciel , que le deuil est parfois long à étendre ses ailes

J’accompagne chaque visage, proche ou moins connu de mes douces pensées

L’ambiance d’une herboristerie me remonte à la gorge, inattendue, incontrôlable

Et j’ai envie de te dire que je t’aime, Mon Frère et que tu me manques

Sois en paix en ton chemin

Je prends le relais auprès des parents

Et vous, Amis et âmes côtoyées ici, ailleurs

Chacune de vous m’est empreinte au cœur

Je cultive votre image pour mieux la dissiper et vous rendre libres

Vous qui me devancez de l’autre côté du seuil

J’offre à vos âmes un sourire discret

Dehors il neige et c’est paix offerte

L’immensité du silence en de légers flocons

Demain sera autre

J’ai l’âme en peine ce soir et je laisse couler mes larmes





Et c'était cérémonie funèbre aux entrailles d'Océan ...


Et c'était cérémonie funèbre aux entrailles d'Océan ...
Aigreur en oraison d’étranges dormitions
Honte sur vos paix de pacotilles
Honte sur vos conciliations
Que monte la rage des silencieux
Que s’arment les femmes aux corps des sentinelles
A trop se taire se meurent les guerrières
Et que gronde la révolte au créneau des écumes
Et que résonne le chant des abysses opprimés
La Mer, cette nuit a épousé le rouge
A en rire, à en crier et perdre haleine
Rouge de sang aux promesses avortées
Rouge des menstrues aux marées incessantes
Rouge de colère aux orages des cieux
Rouge cramoisi à vos soutanes vieillies
Rouge indélébile au tocsin de folie
La cathédrale de Mer ouvrira ses portes
J’ai le cœur en exil et l’âme disloquée
J’ai mal au monde et froid en son antre
Rouge sordide des fillettes excisées
Rouge de honte des enfants mutilés
Rouge de sang des paroles abolies
J’ai la colère aux veines et le cœur en effroi
Et vous voudriez que je dorme tranquille
Rouge écarlate des réfugiés niés
Rouge givré des mendiants esseulés
Rouge de condescendance des pièces déposées
Rouge muet des regards détournés
Rouge aux poignets des écrits censurés
Rouge au cœur des libertés volées
Rouge de détresse des enfants armés
Rouge déraison des soldats enivrés
Rouge de cri des langues arrachées
Rouge trahison des plaintes ignorées
Rouge aux joues des hontes imposées
Rouge aux doigts des vieux abandonnés
Rouge aux seins des mères violées
Rouge au bras des enfants arrachés
Il était dit qu’en ces lieux s’inaugurerait une paix rédemptrice
Le temps serait de mise
Quoi de mieux que ces flots colorés pour une âme désertée
J’ai le cœur en exil et la tête anesthésiée
Sang des relevailles aux promesses de nouveaux – nés
Sang de la vierge en noces consenties
Sang des innocents aux accents de liberté
Sang de délivrance aux chaînes rouillées
Sang de promesses aux mots délivrés
Vous pensiez donc, Hommes bien pensants, que je me contenterais de vos abjections ?
L’horreur a déteint au socle des dalles
Et c’est fête carmin au banquet des épaves
Le derrick ressurgit des flots
Il chante à l’immensité
Ne le voyez-vous pas fendre les crinières d’algues rougies ?
Il est au noir de mer un rouge de révolte
Et c’est danse endiablée au sein des Eaux troublées
Le vaisseau sort de ses gonds
Il s’enivre de sel, dessine le gouvernail
Que se gonflent les voiles aux encres de la nuit
Sextant et boussole osent un nouvel oracle
Point de pointillés en cette gestation
Juste une espérance de vie pleine et ample
Et c’est chant de guerre pacifiant aux entrailles d’Océan
J’ai le cœur en déroute et l’âme en désarroi
Tendant mes arcs pour mieux vous défendre
Reniant les lois pour oser vous chanter
Bravant l’interdit pour ouvrir votre voix
Rouge de bouquet tendu pour mieux vous laisser dire
Que se reposent les voiles au sortir de l’enfer
D’avoir trop longtemps gît s’ébroue le cœur en apnée
S’arrêter un instant et oser cette trêve
La paix trouve asile au palpitant d’espoir
Rouge de braise aux nuits figées
Rouge de framboises aux lèvres desséchées
Rouge de soie au corps fatigué
Rouge de pétales au lit défait
Et je m’étendrai là, ermite d’un instant
Savourant l’accalmie de l’onde recueillie
Coupelle vermeille d'un destin à écrire


jeudi 9 février 2012

Il est des sentinelles noires ...

Il est des sentinelles noires aux secrets d’alcôves encrées
Que viennent les Femmes au Miroir des capes éventrées
Longues processions muettes au désir caché des Hommes
Et cela sentait le soufre et l’insondable foutre
Il est des choses à dire au détour de ces contrées dissipées
Mains tendues au corps tendu de l’Homme
Coupelle – réceptacle aux plaisirs assouvis
Se souviennent nos mères de ces semences épuisées
Et c’est Mer de sacre en mon sein retrouvée
Et c’est plainte de femme au poids abandonné des corps
Vagues et divagations aux périples des nuits
Entendez-vous, Passeurs naître la sourde rumeur
L’Heure des rédemptions approche
Et déborde l’ossuaire
Calcaire d’os givrés aux dalles obscures d’abysses
Il est des sentinelles muettes aux portails entrouverts des Temples
Faces révélées au tain fade de miroirs éteints
Le visage est de givre et d’algues le corps
Il est au royaume des Femmes des pendants d’améthyste
Des colliers d’ambre sacrée aux courbes de leurs tailles
Me direz-vous Passeur le secret des alcôves brisées ?
Que sonnent les cors et se déploient les draps
Draps d’écume érigés au linceul d’héritages offusqués
Et j’irai dénudée au sortir de marées hivernales
Transparente à vos yeux et close à vos désirs
J’épouserai de nuit le ventre des enfants nés de nulle part
Veillerai à leurs songes au détour de plages assoupies
Ma voix se fera onde à leurs yeux endormis
Mes gestes tendres à leur cou relâché
J’oserai un chant nouveau à leurs lèvres entr’ouvertes
Il est des secrets de mère aux couches des héritiers
Solitude et ténèbres au souvenir ancré des mystes
J’irai mouvante et insolente
Tendre et nonchalante
Glisser un mot de passe enjoué aux oreilles des sentinelles obscures
La suite sera de grâce
Emmurée à jamais aux dalles figées des tombes
Et si, d’aventure vous y croisez quelqu’algue
Tendez l’oreille
L’océan est tout proche et le secret de marbre fissuré
...

mercredi 8 février 2012

Il est né cette nuit ...


Il est né cette nuit, l’enfant de nulle part
Engendré au solstice d’un monde d’algues noircies
Naissance éthérée au chevet d’Athanors givrés
Il s’est arraché de mon ventre avec ses beaux yeux d’or
A souri de cette audace épuisée des Humbles
Arraché de mon sein sa patrie d’amertume
Exigeant, sans détour, ce lait, pour ici léguer son œuvre
L’œuvre d’un instant
Sa vie serait brève
De naître là, au sortir d’un gel inattendu lui serait fatal
Il m’a tendu alors le Livre des naufragés
Ce testament vertical des âmes d’outre-tombe
Epopée posthume des visages éteints
Et ce fut merveille que d’ouïr ce périple
La Mer est entrée en cette outre de misère
L’Océan minimal concentre en son sein des myriades de destinées
L’enfant né roi gouvernait en lieu dit Lémurie
Tout alors n’y était que songes et languissantes graphies
Le moindre émoi des eaux transfigurait en tableaux éphémères les longues transhumances d’Hommes
Point d immobilité en ces contrées
La moindre fixité épuisait l’once de vie
Elles sont venues les prêtresses d’algues sombres
Ont déposé aux pieds du Prince leur Chant de mémoire
Et c’est souvenir d’Humanité que de revivre cet instant
Elles sont venues ces Femmes ouvertes aux astres
Guides mariales vers un autre devenir
Femmes dansantes aux songes d’infinies injonctions
Le cœur en éveil et l’âme de lumière
Eurythmie végétale aux clairvoyances des peuples
Et c’est honneur que de lire ces esquisses prophétiques
La convalescence d’une nuit contemporaine ouvre aux Origines
Il n’est de tableau plus grandiose que cette lente migration
L’Océan garde la mémoire fluide de ces temps révolus
J’y plonge à chaque fois en patrie retrouvée
Femme océane en mélancolie d’autrefois
Nostalgie incontournable d’un corps non figé
L’enfant des algues est revenu de nuit
L’espace d’un instant pour soulager ma peine
J’ai le Nord en exil et le corps retourné
A l’âme, une empreinte salée aux contours de lumière
Scarification végétale d’un Leg Mystérieux
Oracle des Passeurs en mon sein déposé


mardi 7 février 2012

Et c'est un monde en moi ...


Et c’est un monde en moi qui à l’aube s’est disloqué
Longtemps, j’ai erré aux portes de l’Obscur
Happée plus que de raison par d’âcres saveurs et d’innommables senteurs
Longtemps, j’ai caressé les remparts de cette sombre attirance
Laissant ici et là quelque lambeau de lèvre
Longtemps, j’ai baissé l’échine aux sueurs de vos promesses, aspirant, naïve à de plus hauts desseins
En cet instant présent, le ciel en soit garant, j’ai disloqué un monde au creux de mes entrailles
Une fissure de lumière, tranchante comme un glaive
Un frisson de lumière doux comme une caresse
Brisure de lumière à la paralysie des glaces
J’ai le Nord givré et le cœur en déroute
Elles sont venues, mes sœurs de sort, les bras chargés de relents d’Océans et de capes d’algues noires
Elles sont venues, sœurs d’infortune, le couteau à la main et le Livre au cœur
Point de conseil
Pas plus que d’injonction
Une invitation muette à couper le lien
Point de mensonge en leur âme
Un sourire sourd
Omission d’apparat
Et le vent a grondé
Et la Mer s’est figée
Et mon bras s’est levé
Et j’ai rompu les amarres au cœur de mon indécision
Libérant à la fois et l’Amant et l’Amante
J’ai le Nord en dérive et les yeux ivres de sel
J’irai désormais sans me retourner
Devant, toujours devant
En ces contrées d’Océan et d’algues disloquées
J’irai témoigner aux fureurs d’écume que la voie est souveraine et puérile l’illusion
Je monterai aux faîtes des vagues et chanterai au monde d’outre tombe ce Chant Kaïkanesque qui est mien depuis la nuit des Temps
Longtemps, j’ai erré aux portes de l’Obscur
J’entre à présent en ce Temple où La Lumière est reine et complices Les Ténèbres
Je coucherai au lit du vaisseau un corps fatigué
Membres rompus aux poids de trop lourdes charges
Je ferai ma couche de ces algues d’amertume pour ne point sombrer en d’indicibles songes
Je m’inventerai en interlude des promesses de chaleur
Juste de quoi éventrer de souffre les relents du bucher
Et je figerai en un cri libérateur l’audace d’un tourment
L’évocation d’un Nord brisé et d’un monde convulsé



dimanche 5 février 2012

Et c'est un Chant de Mer ...


Et c’est un Chant de Mer qui en moi s’est figé
Les grandes migratrices étayent leurs légendes aux parois de ports de fortune
Soldes d’algues aux mains tendues d’impossibles amours
Soldes d’algues aux mains distendues d’offrandes fallacieuses
Et c’était honte que de nourrir ces illusoires promesses
Transhumance mystifiées aux lèvres de faux oracles
J’ai le Nord en exil et la vie en mensonge ibérique
Prenez garde, les vaisseaux paralytiques ne s’immobilisent que d’apparence
Ils dérivent aux strates d’itinéraires invisibles
Tracés écumés qui disent les noyés et les épaves englouties
Il est un monde obscur qui brille de mille feux
Flammes gelées aux fronts des lumières
Et je dirai les oiseaux de passage qui se brûlent les ailes aux éclats de rire
Et je dirai ces algues sculptées d’étranges cristaux d’outre tombe
Au sein de Mers occultes s’allaitent les d’enfants orphelins
Et c’est un chant de Mer qui en moi s’est éteint
J’ai le cœur en exil et la poitrine vide
Je me vêtirai dans l’heure d’une parure d’algues épuisées
Veillerai au grain de nouvelles moissons océanes
Une chape de glace me préservera du monde
Et c’est là, en ce lit de givre que je tisserai les liens d’amertume
Songes lémuriens d’un passé révolu
Oracle providentiel d’une éclosion à venir