dimanche 27 mai 2012

Je suis venue de nuit ...


Je suis venue de nuit distiller ton errance
Réveiller aux mémoires des solitudes apprises
Argumenter de chiffres de salvatrices répulsions
Parures d'éternité aux silences dissimulés
Luxure d'or aux fragrances abyssales
J'ouvre alors le Grand Livre des promesses endeuillées
Secoue d'un geste rédempteur les poussières ailées
L'ombre a pour l'heure  des désirs de marbre noir
La griffure des plumes en caresses insolites
Le parchemin se souvient de la vie ôtée
L'encre se remet à peine d' amours sépiacées
Ivresses d'algues aux lits d'outre -tombe
Murmures - océans aux psaumes millénaires
Divergence obligée aux lendemains brumeux
...
Aube nourricière au sous-venir d'embrun
Il est aux vagues figées des paysages inédits
Arrêter le temps et suspendre le sel
Les pratriciennes sont venues vêtues de prusse et d'écume
Auréolées d'amertume et de lichen ambré
Devines-tu au détour des échos ces chants de sirènes échouées
Procréation avortée aux falsifications des cartes
Et je me relèverai, héritière étonnée de ces noces insolites
 Miroir sans tain d'un ciel obscurci
Il est aux Tours de Babel incendiées des Pentecôtes virginales
Les mots se souvenant de pierres  d'effroi et de sable carmin
Aux ailes des colombes des échancrures de dentelles souillée
Viendra la Grande Crainte des sécheresses et des Veuves
L'Océan en agonie de mémoire diluvienne
Larmes de Dieux en  reflets de nacre
Errance de perles aux fermetures minérales
...
Aurore promise au parvis de cathédrales éteintes
Fissures gravées de vagues destinées
Et je serai d'algues sombres et de morne tourment
D'aspiration mouvante et d'alliance secrète
Psaumes d'émeraude aux encolures à venir
D' ébauche -espoir et de transhumance infligée
...



samedi 12 mai 2012

Il est aux fissures d'Amour de plume ...



Il est aux fissures d’Amour de plume
Des échancrures inédites
Des mots à disséquer
Et l’épousée elle-même sort de la chambre nuptiale
Elle tourne avec méthode les aiguilles d’un pendule rouillé
Renverse la vapeur d’une promesse avortée
Chante à corps perdu les psaumes disséqués
Antigone différée aux orgues des Mers déchaînées
Et vous croyez, Hommes de peu de foi qu’il suffit d’un renoncement pour heurter les certitudes
La poésie n’a que faire des retournements imposés
Elle délivre solitaire les mots réservés
La page blanche recueille étonnée les ébauches calcinées
Encre inversée au calame d’une plume voilée
Et vous voudriez que je dorme tranquille
J’irai encore et toujours de l’avant
On ne tue le poète en menace d’internement
Il rit à gorge déployée et s’aventure aux ailes d’albatros
Il est aux fous, aux sages et aux faiseurs de mots des syllabes communes
Juste oser les entendre et ne point les pourfendre
Il est Aux Amours de plumes de beaux lendemains encore
Une plume au chapeau en pirouette de sablier
...

jeudi 10 mai 2012

Dérive vermeille ...


Dérive vermeille au pont brisé 
 Transhumance d’algues déferlantes
 Entends-tu à l’horizon poindre la ligne incarnat ? 
Cicatrice écarlate aux silences trop pleins
 J’irai vierge en ce monde inexploré
 Y recueillerai la sève des solitudes carminées 
Au retour, doucement J’ornerai la proue d’amaryllis destituées
 M’évanouirai aux draps assombris d’une nuit particulière
 Tu te demanderas longtemps encore si j’étais réelle ou songe
 Le souvenir se joue parfois de nos certitudes
 A la paroi des coffres endormis
 J’oserai la caresse rédemptrice
 Les pétales, la nuit révèlent leurs secrets éphémères 
Je distillerai leur parfum à tes cris de folie 
Tu te demanderas toujours s’ils sont vivants ou morts 
Les sens se jouent peut-être de nos habitudes
 Et, passant dans la rue, tu souriras, muet aux ombres fatiguées
 L’Amour seul ose les chemins de traverse 
Encre rougeoyante aux versants des averses 
Mots fragiles aux cœurs des amants dispersés


mercredi 28 mars 2012

Il est des apocalypses déchues ...


Il est des apocalypses déchues aux livres occultés ...
Le voile brutalement se déchire, agonisant de censures induites

Et je brise le carcan des certitudes

J’offre au stylet impatient un règne de semences avortées
Les prêtresses, les mains chargées de gerbes bravent les eaux

Elles osent un monde nouveau aux ruines des cités englouties ...

Au feu des abysses se décline l’insolence des outragés

De hautes pensées au vent occupent encore mon silence

Et vous croyez que je suis muette ?

L’océan anesthésie mes œuvres et distille le serment des algues

La mémoire des gisants y grave des relents d’amertume

Et j’évapore aux vies disséminées des teintes d’incarnat

Vitrail aquatique aux enceintes prodigues

C’est aux relents d’iode aujourd’hui que j’aspire

D’écume arrachée au poitrail des baleines

D’indigo inspiré aux parois de corail

De noirceur oubliée aux ventres de pieuvres

De semences régurgitées aux gorges de seiches

Et j’arracherai au naufragé le fémur du repos

Taillerai en son sein le stylet des abysses

Je t’écrirai, Mon Amour les paroles interdites

Nourrirai de mon sang le sceau des promesses

Traduite sans recours au procès des oubliés

samedi 24 mars 2012

Elles sont venues ...


Le nacre des pauvres s'est offert cette nuit un silence de noces
Parfum d'amandes aux embruns lunaires
Elles sont venues les prêtresses aux cheveux dénoués
Lisser d'une vague caresse les tourments disséqués
Et c'est paix en mon âme aux parfums d'églantiers
...
Le sacre des pauvres s'est offert cette nuit une licence de roses
Flagrances d'émeraude aux desseins lapidaires
Elles vont nues, les maîtresses aux yeux enjoués
Briser d'une vague averse les crémants renversés
Et c'est verbe en mon âme aux senteurs des pruniers
...
Le fiacre des pauvres s'est offert cette nuit une audience de prose
Fréquences lapidées aux engeances gémellaires
Elles vont drues, les promesses aux serments oubliés
Glisser d'une vague excuse les fragments dévoués
Et c'est fête en mon âme aux flagrances des rosiers
...




vendredi 23 mars 2012

Il m'a dit ...



Il m'a dit " Tu as droit à ce bruit de la mer qui se défend des baies marécageuses "
J'ai dégrafé l'oeillère des pochettes ennoblies
L'air marin se complait aux poitrines qui se soulèvent
Pans de cathédrale antique en épave de cité
Les anges ce soir ont goudronné leurs ailes aux algues enlisées
Anges de suie à une humanité malade
Et vous voudriez que je dorme tranquille
Il est aux souffrances du monde des soupirs inépuisables
Les plus grandes misères sont celles dont on ne parle pas
Et vous voudriez que je me taise
Que je taise ces enfants qui meurent de faim et sous les bombes
Motus et bouche cousue
No comment
Et je reprends la voile d'un Kaïkan meurtri
Les plus grandes fragilités sont celles qui me sont couronnées
Douleurs sourdes au seuil des passagers clandestins
Tour de babel qui trouve sa pentecôte
Tour de pise aux illusions de circonstance
La vertu des bien-pensants a un goût d'amertume
Je revendique la bâtardise des errances de lumière
Eclat de rire aux pétales des lys embaumés
Et j'irai droit encore aux détours des marées
Ici, là et ici aux dépends des bienseillances
Rire et sourire aux visages défaits
Ecrire une rencontre aux dos courbés
Panser une blessure aux vieillesses imposées
Briguer une audience aux procès imaginés
Couvrir d'une couvrante les corps dépossédés
Ose enfin un sourire aux bouches édentées
Et tendre une main aux manchots accidentés
Offrir enfin un bouquet aux poètes des rues et aux enfants innocents
J'irai encore jusqu'à bout de forces
Tel est mon chemin
Tel est mon désespoir et ma poudre de perlimpinpin à la fois
...



samedi 17 mars 2012

Il est des odeurs tenaces qui ne demandent qu'à renaître ...


Entre ombre et lumière, je creuse ma route ...
La nuit dialogue aisément avec les vaisseaux ...
La lumière ose déranger les caveaux et je suis en pleine métamorphose ...
Jusqu'à l'heure, la solitude m'était dérangeante ...
Je m'aventure à présent à la côtoyer en alliée et en suis la première surprise ...
...
Je continue mon exploration d'algues, ceux qui me connaissent savent combien ces explorations peuvent me tenir à coeur et m'accompagner ...
M'en sont témoins les seiches et fougères ...
...
Me voilà donc à " empreinter " aux algues leurs formes et dynamisme ...
Et surprenante, enivrante, l'odeur de l'océan me submerge ...
Il suffisait juste d'un peu d'eau pour réveiller le souvenir des embruns ...
Et l'algue est là, elle impose ses paysages ...

D'empreintes en empreintes, je découvre des univers insoupçonnés ...
Les panneaux s'habitent de légendes et d'aventures de marins ...
Noir et blanc tranchent ...
L'algue et le sable en savent quelque chose ...
...
A mes côtés, flottent les voiles de papier ...
Ils me seront compagnons de voyage ...
...
La solitude aime à se glisser dans l'imaginaire des vaisseaux ...
...

dimanche 12 février 2012

J'ai le coeur en tristesse ...


J’ai le cœur en tristesse et l’âme déployée en cette heure

Tant de souffrance et de beauté se côtoient en ce monde

Comment ne pas en perdre le Nord ?

Mes mots seront de missive ce soir

Comme des mots adressés à un ami

Comme des verbes offerts au lieu

Je revois les défunts, tous ces défunts proches qui ont quitté leur corps et j’ai l’âme en peine

Ciel , que le deuil est parfois long à étendre ses ailes

J’accompagne chaque visage, proche ou moins connu de mes douces pensées

L’ambiance d’une herboristerie me remonte à la gorge, inattendue, incontrôlable

Et j’ai envie de te dire que je t’aime, Mon Frère et que tu me manques

Sois en paix en ton chemin

Je prends le relais auprès des parents

Et vous, Amis et âmes côtoyées ici, ailleurs

Chacune de vous m’est empreinte au cœur

Je cultive votre image pour mieux la dissiper et vous rendre libres

Vous qui me devancez de l’autre côté du seuil

J’offre à vos âmes un sourire discret

Dehors il neige et c’est paix offerte

L’immensité du silence en de légers flocons

Demain sera autre

J’ai l’âme en peine ce soir et je laisse couler mes larmes





Et c'était cérémonie funèbre aux entrailles d'Océan ...


Et c'était cérémonie funèbre aux entrailles d'Océan ...
Aigreur en oraison d’étranges dormitions
Honte sur vos paix de pacotilles
Honte sur vos conciliations
Que monte la rage des silencieux
Que s’arment les femmes aux corps des sentinelles
A trop se taire se meurent les guerrières
Et que gronde la révolte au créneau des écumes
Et que résonne le chant des abysses opprimés
La Mer, cette nuit a épousé le rouge
A en rire, à en crier et perdre haleine
Rouge de sang aux promesses avortées
Rouge des menstrues aux marées incessantes
Rouge de colère aux orages des cieux
Rouge cramoisi à vos soutanes vieillies
Rouge indélébile au tocsin de folie
La cathédrale de Mer ouvrira ses portes
J’ai le cœur en exil et l’âme disloquée
J’ai mal au monde et froid en son antre
Rouge sordide des fillettes excisées
Rouge de honte des enfants mutilés
Rouge de sang des paroles abolies
J’ai la colère aux veines et le cœur en effroi
Et vous voudriez que je dorme tranquille
Rouge écarlate des réfugiés niés
Rouge givré des mendiants esseulés
Rouge de condescendance des pièces déposées
Rouge muet des regards détournés
Rouge aux poignets des écrits censurés
Rouge au cœur des libertés volées
Rouge de détresse des enfants armés
Rouge déraison des soldats enivrés
Rouge de cri des langues arrachées
Rouge trahison des plaintes ignorées
Rouge aux joues des hontes imposées
Rouge aux doigts des vieux abandonnés
Rouge aux seins des mères violées
Rouge au bras des enfants arrachés
Il était dit qu’en ces lieux s’inaugurerait une paix rédemptrice
Le temps serait de mise
Quoi de mieux que ces flots colorés pour une âme désertée
J’ai le cœur en exil et la tête anesthésiée
Sang des relevailles aux promesses de nouveaux – nés
Sang de la vierge en noces consenties
Sang des innocents aux accents de liberté
Sang de délivrance aux chaînes rouillées
Sang de promesses aux mots délivrés
Vous pensiez donc, Hommes bien pensants, que je me contenterais de vos abjections ?
L’horreur a déteint au socle des dalles
Et c’est fête carmin au banquet des épaves
Le derrick ressurgit des flots
Il chante à l’immensité
Ne le voyez-vous pas fendre les crinières d’algues rougies ?
Il est au noir de mer un rouge de révolte
Et c’est danse endiablée au sein des Eaux troublées
Le vaisseau sort de ses gonds
Il s’enivre de sel, dessine le gouvernail
Que se gonflent les voiles aux encres de la nuit
Sextant et boussole osent un nouvel oracle
Point de pointillés en cette gestation
Juste une espérance de vie pleine et ample
Et c’est chant de guerre pacifiant aux entrailles d’Océan
J’ai le cœur en déroute et l’âme en désarroi
Tendant mes arcs pour mieux vous défendre
Reniant les lois pour oser vous chanter
Bravant l’interdit pour ouvrir votre voix
Rouge de bouquet tendu pour mieux vous laisser dire
Que se reposent les voiles au sortir de l’enfer
D’avoir trop longtemps gît s’ébroue le cœur en apnée
S’arrêter un instant et oser cette trêve
La paix trouve asile au palpitant d’espoir
Rouge de braise aux nuits figées
Rouge de framboises aux lèvres desséchées
Rouge de soie au corps fatigué
Rouge de pétales au lit défait
Et je m’étendrai là, ermite d’un instant
Savourant l’accalmie de l’onde recueillie
Coupelle vermeille d'un destin à écrire


jeudi 9 février 2012

Il est des sentinelles noires ...

Il est des sentinelles noires aux secrets d’alcôves encrées
Que viennent les Femmes au Miroir des capes éventrées
Longues processions muettes au désir caché des Hommes
Et cela sentait le soufre et l’insondable foutre
Il est des choses à dire au détour de ces contrées dissipées
Mains tendues au corps tendu de l’Homme
Coupelle – réceptacle aux plaisirs assouvis
Se souviennent nos mères de ces semences épuisées
Et c’est Mer de sacre en mon sein retrouvée
Et c’est plainte de femme au poids abandonné des corps
Vagues et divagations aux périples des nuits
Entendez-vous, Passeurs naître la sourde rumeur
L’Heure des rédemptions approche
Et déborde l’ossuaire
Calcaire d’os givrés aux dalles obscures d’abysses
Il est des sentinelles muettes aux portails entrouverts des Temples
Faces révélées au tain fade de miroirs éteints
Le visage est de givre et d’algues le corps
Il est au royaume des Femmes des pendants d’améthyste
Des colliers d’ambre sacrée aux courbes de leurs tailles
Me direz-vous Passeur le secret des alcôves brisées ?
Que sonnent les cors et se déploient les draps
Draps d’écume érigés au linceul d’héritages offusqués
Et j’irai dénudée au sortir de marées hivernales
Transparente à vos yeux et close à vos désirs
J’épouserai de nuit le ventre des enfants nés de nulle part
Veillerai à leurs songes au détour de plages assoupies
Ma voix se fera onde à leurs yeux endormis
Mes gestes tendres à leur cou relâché
J’oserai un chant nouveau à leurs lèvres entr’ouvertes
Il est des secrets de mère aux couches des héritiers
Solitude et ténèbres au souvenir ancré des mystes
J’irai mouvante et insolente
Tendre et nonchalante
Glisser un mot de passe enjoué aux oreilles des sentinelles obscures
La suite sera de grâce
Emmurée à jamais aux dalles figées des tombes
Et si, d’aventure vous y croisez quelqu’algue
Tendez l’oreille
L’océan est tout proche et le secret de marbre fissuré
...

mercredi 8 février 2012

Il est né cette nuit ...


Il est né cette nuit, l’enfant de nulle part
Engendré au solstice d’un monde d’algues noircies
Naissance éthérée au chevet d’Athanors givrés
Il s’est arraché de mon ventre avec ses beaux yeux d’or
A souri de cette audace épuisée des Humbles
Arraché de mon sein sa patrie d’amertume
Exigeant, sans détour, ce lait, pour ici léguer son œuvre
L’œuvre d’un instant
Sa vie serait brève
De naître là, au sortir d’un gel inattendu lui serait fatal
Il m’a tendu alors le Livre des naufragés
Ce testament vertical des âmes d’outre-tombe
Epopée posthume des visages éteints
Et ce fut merveille que d’ouïr ce périple
La Mer est entrée en cette outre de misère
L’Océan minimal concentre en son sein des myriades de destinées
L’enfant né roi gouvernait en lieu dit Lémurie
Tout alors n’y était que songes et languissantes graphies
Le moindre émoi des eaux transfigurait en tableaux éphémères les longues transhumances d’Hommes
Point d immobilité en ces contrées
La moindre fixité épuisait l’once de vie
Elles sont venues les prêtresses d’algues sombres
Ont déposé aux pieds du Prince leur Chant de mémoire
Et c’est souvenir d’Humanité que de revivre cet instant
Elles sont venues ces Femmes ouvertes aux astres
Guides mariales vers un autre devenir
Femmes dansantes aux songes d’infinies injonctions
Le cœur en éveil et l’âme de lumière
Eurythmie végétale aux clairvoyances des peuples
Et c’est honneur que de lire ces esquisses prophétiques
La convalescence d’une nuit contemporaine ouvre aux Origines
Il n’est de tableau plus grandiose que cette lente migration
L’Océan garde la mémoire fluide de ces temps révolus
J’y plonge à chaque fois en patrie retrouvée
Femme océane en mélancolie d’autrefois
Nostalgie incontournable d’un corps non figé
L’enfant des algues est revenu de nuit
L’espace d’un instant pour soulager ma peine
J’ai le Nord en exil et le corps retourné
A l’âme, une empreinte salée aux contours de lumière
Scarification végétale d’un Leg Mystérieux
Oracle des Passeurs en mon sein déposé


mardi 7 février 2012

Et c'est un monde en moi ...


Et c’est un monde en moi qui à l’aube s’est disloqué
Longtemps, j’ai erré aux portes de l’Obscur
Happée plus que de raison par d’âcres saveurs et d’innommables senteurs
Longtemps, j’ai caressé les remparts de cette sombre attirance
Laissant ici et là quelque lambeau de lèvre
Longtemps, j’ai baissé l’échine aux sueurs de vos promesses, aspirant, naïve à de plus hauts desseins
En cet instant présent, le ciel en soit garant, j’ai disloqué un monde au creux de mes entrailles
Une fissure de lumière, tranchante comme un glaive
Un frisson de lumière doux comme une caresse
Brisure de lumière à la paralysie des glaces
J’ai le Nord givré et le cœur en déroute
Elles sont venues, mes sœurs de sort, les bras chargés de relents d’Océans et de capes d’algues noires
Elles sont venues, sœurs d’infortune, le couteau à la main et le Livre au cœur
Point de conseil
Pas plus que d’injonction
Une invitation muette à couper le lien
Point de mensonge en leur âme
Un sourire sourd
Omission d’apparat
Et le vent a grondé
Et la Mer s’est figée
Et mon bras s’est levé
Et j’ai rompu les amarres au cœur de mon indécision
Libérant à la fois et l’Amant et l’Amante
J’ai le Nord en dérive et les yeux ivres de sel
J’irai désormais sans me retourner
Devant, toujours devant
En ces contrées d’Océan et d’algues disloquées
J’irai témoigner aux fureurs d’écume que la voie est souveraine et puérile l’illusion
Je monterai aux faîtes des vagues et chanterai au monde d’outre tombe ce Chant Kaïkanesque qui est mien depuis la nuit des Temps
Longtemps, j’ai erré aux portes de l’Obscur
J’entre à présent en ce Temple où La Lumière est reine et complices Les Ténèbres
Je coucherai au lit du vaisseau un corps fatigué
Membres rompus aux poids de trop lourdes charges
Je ferai ma couche de ces algues d’amertume pour ne point sombrer en d’indicibles songes
Je m’inventerai en interlude des promesses de chaleur
Juste de quoi éventrer de souffre les relents du bucher
Et je figerai en un cri libérateur l’audace d’un tourment
L’évocation d’un Nord brisé et d’un monde convulsé



dimanche 5 février 2012

Et c'est un Chant de Mer ...


Et c’est un Chant de Mer qui en moi s’est figé
Les grandes migratrices étayent leurs légendes aux parois de ports de fortune
Soldes d’algues aux mains tendues d’impossibles amours
Soldes d’algues aux mains distendues d’offrandes fallacieuses
Et c’était honte que de nourrir ces illusoires promesses
Transhumance mystifiées aux lèvres de faux oracles
J’ai le Nord en exil et la vie en mensonge ibérique
Prenez garde, les vaisseaux paralytiques ne s’immobilisent que d’apparence
Ils dérivent aux strates d’itinéraires invisibles
Tracés écumés qui disent les noyés et les épaves englouties
Il est un monde obscur qui brille de mille feux
Flammes gelées aux fronts des lumières
Et je dirai les oiseaux de passage qui se brûlent les ailes aux éclats de rire
Et je dirai ces algues sculptées d’étranges cristaux d’outre tombe
Au sein de Mers occultes s’allaitent les d’enfants orphelins
Et c’est un chant de Mer qui en moi s’est éteint
J’ai le cœur en exil et la poitrine vide
Je me vêtirai dans l’heure d’une parure d’algues épuisées
Veillerai au grain de nouvelles moissons océanes
Une chape de glace me préservera du monde
Et c’est là, en ce lit de givre que je tisserai les liens d’amertume
Songes lémuriens d’un passé révolu
Oracle providentiel d’une éclosion à venir


lundi 30 janvier 2012

Au seuil d'un autre monde ...



" Toute la nuit j'ai dormi avec toi
près de la mer, dans l'île.
Sauvage et douce tu étais entre le plaisir et le sommeil,

entre le feu et l'eau.

Très tard peut-être
nos sommeils se sont-ils unis
par le sommet ou par le fond,
là-haut, comme des branches agitées par le même vent,
en bas, comme rouges racines se touchant.

Peut-être ton sommeil
s'est il aussi dépris du mien
et sur la mer et sur sa nuit
m'a-t-il cherché
comme avant toi et moi,
quand tu n'existais pas encore,
quand, sans t'apercevoir,
je naviguais de ton côté
et que tes yeux cherchaient
ce qu'aujourd'hui
- pain, vin, amour, colère -
je t'offre à pleines mains
à toi, la coupe
qui attendait de recevoir les présents de ma vie.

J'ai dormi avec toi
toute la nuit alors
que la terre en sa nuit tournait
avec ses vivants et ses morts,
et lorsque je me réveillais
soudain, par l'ombre environné,
mon bras te prenait par la taille.
La nuit ni le sommeil
n'ont pu nous séparer.

J'ai dormi avec toi
et ta bouche, au réveil,
sortie de ton sommeil
me donna la saveur de terre,
d'algues, d'onde marine,
qui s'abrite au fond de ta vie.
Alors, j'ai reçu ton baiser
que l'aurore mouillait
comme s'il m'arrivait
de cette mer qui nous entoure. "

Pablo Neruda
(extrait de "Les Vers du Capitaine")

© Traduction Pierre Clavilier

dimanche 15 janvier 2012

Exil ...


" Un homme atteint de telle solitude, qu'il aille et qu'il suspende aux sanctuaires le masque et le bâton de commandement !
Moi je portais l'éponge et le fiel aux blessures d'un vieil arbre chargé des chaînes de la terre.
" J'avais, j'avais ce goût de vivre loin des hommes, et voici que des Pluies ... "

Transfuges sans message, ô Mimes sans visage, vous meniez aux confins de si belles semailles !
Pour quels beaux feux d' herbages chez les hommes détournez-vous un soir vos pas, pour quelles histoires dénouées au feu des roses dans les chambres, dans les chambres où vit la sombre fleur du sexe ?

Convoitez-vous nos femmes et nos filles derrière la grille de leurs songes ? "

" Exil " , Saint-John Perse

lundi 9 janvier 2012

Au fléau de son aile ...


" L'oiseau, de tous nos consanguins le plus ardent à vivre, mène aux confins du jour, un singulier destin.
Migrateur, et hanté d'inflation solaire, il voyage de nuit, les jours étant trop courts pour son activité. Par temps de lune grise couleur du gui des Gaules, il peuple de son spectre la prophétie des nuits .
Et son cri dans la nuit est cri de l'aube elle-même : cri de guerre sainte à l'arme blanche .

Au fléau de son aile, l'immense libration d'une double saison ; et sous la courbe du vol, la courbure même de la terre ...
L'alternance est sa loi, l'ambiguïté son règne.
Dans l'espace et le temps qu'il couvre d'un même vol, son hérésie est celle d'une même estivation.
C'est le scandale aussi du peintre et du poète, assembleurs de saisons aux plus hauts lieux d'intersection.

Ascétisme du vol !
L'oiseau, de tous nos contemporains le plus avide d'être, est celui-là qui, pour nourrir sa passion , porte secrète en lui la plus haute fièvre du sang. Sa grâce est dans la combustion. Rien là de symbolique : simple fait biologique. Et si légère pour nous est la matière oiseau, qu'elle semble, à contre-feu du jour, portée jusqu'à l'incandescence .

Un homme en mer , flairant midi lève la tête à cet esclandre : une mouette blanche ouverte sur le ciel, comme une main de femme contre la flamme d'une lampe, élève dans le jour la rose transparence d'une blancheur d'hostie ...

Aile falquée du songe, vous nous retrouverez ce soir sur d'autres rives ."

Oiseaux, Saint-John Perse

dimanche 8 janvier 2012

Et si chaque algue était le Passeur d'un oiseau mort ?


Et si chaque algue était le Passeur d'un oiseau mort ?
M'est venue cette image en exploration venteuse de ce jour ...
Fascination irrévocable pour ce gisant, là à pan de sable...
Etourdissement enivré de vent et d'embrun ...
Comment résister à la lumière aphrodisiaque de cette lumière de plumes ...
L oiseau cadavre volait encore au flux et reflux de vagues infatigables ...
Et j'ai aimé ce moment, me suis évanouie au corps froid de cet ange déchu ...
L'algue m'a dit le secret des voyages aériens interdits ...
Elle vibre désormais d'eau et de lumière ...
Les os de l'oiseau sont gonflés d'air, dit-on ...
L' algue maintient cet air dans de petites vésicules qu'elles maintiennent à fleur d'eau, en cette frontière ténue entre eau et air ...
Elle n'existe que par le courant de l'eau et c'est un spectacle fascinant que de voir comment chacune se dit à son milieu ...
J'ai vu ce jour les noces funèbres entre l'oiseau exsangue et l'algue ...
Et je me suis tue ...
L'âme entre deux mondes et les pieds en eau salée ...

samedi 7 janvier 2012

D'algues et d'autoportrait ...


" Et l'on ramasse aussi , pour les abords des temples et pour les lieux d'asile, de ces petites algues sèches de literie appelées posidonies. Et les trieuses de lentilles , coiffées de longues visières de feuillages , s'attablent aux gradins de pierre et sur les avancées de pierre en forme de comptoirs.
Aux pointes d'îles sont les sternes, qui frayent avec l'huîtrrier-pie. Et l'aiguille aimantée du bonheur tient sur les sables immergés sa lourde flèche d'or massif . Un poisson bleu, du bleu d'orfèvre, qui vire au ver de malachite aimé des grands nomades, croise seul, en eau libre, comme un vaisseau d'offrande ... "
Saint-John Perse

lundi 2 janvier 2012

Au Temple de la Nature ...


" La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. "

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, IV.


dimanche 1 janvier 2012

Il est des images ...





Bhoutan, le royaume secret des plantes médicinales


Parce que mes père et grand-père étaient herboristes et que ce reportage rejoint mes aspirations et intérêts actuels ...