Longtemps, j’ai erré aux portes de l’Obscur
Happée plus que de raison par d’âcres saveurs et d’innommables senteurs
Longtemps, j’ai caressé les remparts de cette sombre attirance
Laissant ici et là quelque lambeau de lèvre
Longtemps, j’ai baissé l’échine aux sueurs de vos promesses, aspirant, naïve à de plus hauts desseins
En cet instant présent, le ciel en soit garant, j’ai disloqué un monde au creux de mes entrailles
Une fissure de lumière, tranchante comme un glaive
Un frisson de lumière doux comme une caresse
Brisure de lumière à la paralysie des glaces
J’ai le Nord givré et le cœur en déroute
Elles sont venues, mes sœurs de sort, les bras chargés de relents d’Océans et de capes d’algues noires
Elles sont venues, sœurs d’infortune, le couteau à la main et le Livre au cœur
Point de conseil
Pas plus que d’injonction
Une invitation muette à couper le lien
Point de mensonge en leur âme
Un sourire sourd
Omission d’apparat
Et le vent a grondé
Et la Mer s’est figée
Et mon bras s’est levé
Et j’ai rompu les amarres au cœur de mon indécision
Libérant à la fois et l’Amant et l’Amante
J’ai le Nord en dérive et les yeux ivres de sel
J’irai désormais sans me retourner
Devant, toujours devant
En ces contrées d’Océan et d’algues disloquées
J’irai témoigner aux fureurs d’écume que la voie est souveraine et puérile l’illusion
Je monterai aux faîtes des vagues et chanterai au monde d’outre tombe ce Chant Kaïkanesque qui est mien depuis la nuit des Temps
Longtemps, j’ai erré aux portes de l’Obscur
J’entre à présent en ce Temple où La Lumière est reine et complices Les Ténèbres
Je coucherai au lit du vaisseau un corps fatigué
Membres rompus aux poids de trop lourdes charges
Je ferai ma couche de ces algues d’amertume pour ne point sombrer en d’indicibles songes
Je m’inventerai en interlude des promesses de chaleur
Juste de quoi éventrer de souffre les relents du bucher
Et je figerai en un cri libérateur l’audace d’un tourment
L’évocation d’un Nord brisé et d’un monde convulsé
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