J'entre en rencontre de plantes aquatiques recueillies lors des ballades de jours précédents
Dans un petit ruisseau de forêt, dans l'étang d'une amie, au pied des fours à chaud ...
Quand je vous disais que l'année à venir serait de botanique ...
C’est au petit matin que tous les personnages abandonnent leur livre natal pour errer n’importe où dans les rues de la ville ironique, parmi les gens qui sont de chair et de sueur.
On peut les reconnaître à leur regard tremblant, à leurs mains tâchées d’encre, à leur profil qui porte comme un reste de verbe ;
Ils ne sont pas heureux de leur soudaine liberté.
Osent-ils vivre en bonne intelligence avec leur faux destin de héros manuscrits ?
Vers le soir, ils reviennent, penauds mais délicats dans leur foyer : ces pages entre la prose et le poème, où leur détresse est à l’abri.
Sa colère passée, l’auteur, sceptique et généreux, les reprend dans son livre.
Alain Bosquet
Il y a l'empreinte qu'a tracée la pluie sur les papiers d'ombre et de lumière et les photos et vidéos sur ces thèmes ...
Il y a le dernier tableau à l'huile qui se demande s'il va rester tel quel ou évoluer autrement ...
Il y a le tableau rouge qui termine sa saison en accueil de l'intervention du temps qui passe ...
Le bleu arrive bientôt ...
Il y a ci et là des squelettes de plantes qui attendent de me délivrer leurs secrets ... Le secret du végétal ...
Il y a la fougère qui me dit cette métamorphose ...
Il y a les vêtements et bustes du temps qui passe ...
Il y a les empreintes de fougères qui resteront telles quelles ou entreront en tableaux de brou de noix et d'acajoutine ...
Il y a le livre aquatique qui continue sa métamorphose ...
Et il y a les nouvelles au sein de la cathédrale qui s'écrivent peu à peu, le projet de tableaux au Cap Gris Nez en interaction avec l'Océan ... et ... et ...
Bon, il faut que je trouve un fil rouge dans tout cela ;-))
Qu'est ce qui motive ces recherches ?
Car il s'agit bien de recherches, d'expérimentations ...
De complicité avec l'aléatoire du temps qui passe, avec la surprise de l'inattendu ...
" Et le cours du temps continue sa voie en sous-apparence ... "
Y-a-t-il une justesse de l'inexplicable ? Je l'ignore et à dire vrai , cela a-t-il une importance, la poésie est intenable peut-être mais alors comme ces invisibles et visibles qui nous prennent au dépourvu emportant tout sur leur passage ou laissant tout en un illusoire ordre ... car elle se moque bien des modèles et des calculs ... elle est brutale oui dans son impérieuse expression, elle ne laisse de répit - et encore - que lorsqu'elle a pu, maladroitement, en inachevé se déposer un peu ... oh, ce n'est pas la poésie ou la création qui sont maladroites mais bien notre incapacité à la dire dans son ampleur ... dans son minimalisme ... dans sa fraîcheur ou son ennui ... ceci n'étant pas un essai de définition mais plutôt un état d'âme, là, à l'instant ... et si demain ou dans 5 minutes ou dans 5 secondes, je devais écrire le contraire, peu importe car la poésie, la création se moquent bien des cohérences, elles ont cette liberté des paradoxes et des contraires et c'est peut-être là, dans la frange même de ces risques qu'elle commence à palpiter, à se dire authentiquement ... Je dirais que la poésie, la création sont l'Art du risque et des contradictions , l'Art d'aller au coeur même de ses sentiments et d'oser l'ouverture à l'autre, cet autre soit-il nous même, le lecteur ou le rien, l'invisible ...
23082011 21h14 …
Mais qu’est ce que je fais ici ?
J’ai perdu la mémoire des jours passés …
Je me suis égarée dans les dédales d’un livre hypothétique …
Suis-je en train de creuser ma propre tombe, je suis résolue à comprendre ce qui s’est passé et puis non, je migrerai vierge et étonnée vers cette nouvelle demeure …
Ce livre a des allures de forêt de pierre, des airs de vaisseau déchu …
Le soleil s’offusque de cette pluie qui tombe et pourtant les lettres mouillées me sont terre glissante où j’aime à divaguer …
Les vagues n’étant plus les vagues mais bien cette respiration salée des aides de camp épuisés.
Pas d’inspiration ce soir, pourquoi forcer et inventer ? Et si je parlais de la pluie qui tombe ? De ce chant qui m’ensorcelle et m’apprivoise …
J’aimais dans les tranchées d’antan humer cette odeur particulière de la terre humide.
Ce froid mouillé des sépultures improvisées organisait à mon insu cette carte intérieure qui me sert de vaisseaux, une disparition momentanée des galbes des veines aplatissait et agrémentait mes destinations futures, le chœur des errants en symphonie édulcorée ;
C’est ce chœur qui nourrira le tableau de cette nuit, un chœur divisé pour un orchestre hétéroclite
…
Enclaves hors du temps de liesse populaire
Enclaves aux murmures d'une note intemporelle
Enclaves apaisées
Qui me dira la mesure
Qui me dira l'authentique démesure
Temps à rebours
Retournement aux montres d'antan
Liesse familiale détricotée
Désecondées
Déheurées
Oui, enclaves de paix enfin trouvée
...
Je suis venue de nuit en ce pont grisant que traversent les flots
L'errance m'a menée loin , à des lieues et des lieues de vos rivages
Et ce sont voiles colorées qui m'ont guidée de nuit
J'ignorais encore leur invisible dessein
Et c'est tristesse en mon âme
Comme de jeter loin les habits de parade
Je me tiens nue en ces eaux troublées
Et si demain ou dans 5 minutes ou dans 5 secondes, je devais écrire le contraire, peu importe car la poésie, la création se moquent bien des cohérences, elles ont cette liberté des paradoxes et des contraires et c'est peut-être là, dans la frange même de ces risques qu'elle commence à palpiter, à se dire authentiquement ... Je dirais que la poésie, la création sont l'Art du risque et des contradictions , l'Art d'aller au coeur même des sentiments et d'oser l'ouverture à l'autre, cet autre soit-il nous même, le lecteur ou le rien, l'invisible ...
Kaïkan
Je conclurai un pacte avec les nuages
pour libérer la pluie
Un autre avec le vent
pour qu’il nous libère
les nuages et moi
Adonis
A l’angle du vide, j’ai décodé ton sourire
A l’ombre des sanctuaires avortés, j’ai deviné ton trait imaginé
Entre chien et loup, je me suis blottie contre toi …
L'idée d'une aventure inconnue est centrale pour Rothko; il la reprend à plusieurs reprises. Mais il y a aussi en plus la notion d'un espace inconnu . Pourquoi l'espace lui-même serait-il inconnu? Vidé des repères anciens, rempli de déchets en tous genres, il est déconcertant et dangereux. Rothko nous aide à voir au-delà.
Voir quoi? Peut-être , l'envers de l'espace vocal. S'il engage le vécu de tous les sens , ce n'est pas pour connaître la totalité du monde, c'est comme un aveugle qui mobilise tous les moyens qui lui restent pour s'orienter.
J'ai lancé au vent les braises de ma colère
Ai incendié le sol d'une soirée comme une autre
Je brûle de l'intérieur, ivre de révolte
J'ignorerai désormais les rires rédempteurs et les gestes fécondateurs
Stérile aux faux semblants
Sourde aux faux penchants
Ce feu est de vie
Ne vous méprenez pas
Il est des colères salvatrices qui ouvrent les horizons ...
Fi des horaires en pointillé et des escales de passage
J'ai à l'âme l'ambition des tangentes de vie
Ici, ailleurs , quelque part et je dis basta aux ordres établis
Et je dis basta aux enchaînés en prison dorée
Pour expérimenter l'envol des poètes, il faut oser la déchirure
Pour expérimenter la paix des sages, il faut oser le cri
Pour être à la fois proue et tenir le gouvernail, il faut aimer les orages et les mers apaisées ...
N'en déplaise aux trop bien assis, aux trop bien pensant, aux trop bien embourgeoisés ...
Il est au ventre des océans des promesses d'éveil ...
Encore faut-il oser ...
...
"Je ne suis pas un abstrait ... Ce ne sont pas les relations de formes et de couleurs qui m'intéressent ... mais seulement l'expression des émotions humaines fondamentales - la tragédie, l'extase, la condamnation etc. - et le fait que beaucoup de personnes s'effondrent et pleurent en présence de mes peintures montre que je communique ces émotions humaines fondamentales ... Les personnes qui pleurent devant mes peintures font la même expérience religieuse que moi-même lorsque je les ai peintes. Et si vous n'êtes émus que par les relations entre les couleurs, vous passez à côté de l'essentiel. "
Rothko
Je suis cette nomade fille des eaux qui déserte le pont et épouse la fraîcheur d'un printemps qui s'éveille
Au loin chantent les loups
Eclaireurs avisés d'une plus grande joie
Les rouilles de l'automne brillent de mille feux évanouis
L'humus de sols encore engourdis de gel se souviennent et sourient
Ils chantent la toile alourdie d'araignées qui suspendent au tisser de leurs toiles la cosmogonie des cieux
J'ai foulé à pan de pieds la marée des souches fossilisées
Et j'ai lu en ces livres lourds
L'agonie du lièvre et la plainte de l'aigle blessé
Il est aux parois des racines épuisées le carmin des duvets palpitants du dernier souffle
J'ai drapé d'écume ce tableau
J'ai secoué la toile
Je réinvente l'histoire
Scribe anonyme aux lendemains qui s'éveillent ...
J'irai libre et rebelle aux tourments des constellationsC’était de très grands vents sur toutes faces célestes
Je lisais ce soir les signes des étoiles
Elles me dictaient l’ itinéraire de nouvelles cartes
Les noces d’océan et de désert en amont d’improbables
Doux sel à partager
Doux glissements à communier
Doux émois à se fondre en de belles eaux
Vagues sensibles et ondoyantes aux caresses du vent
Sabliers et clepsydres ne s'y sont pas trompés
Ils égrainent en parcelles de perles et d'or le chant doux et délicat de minutes sensuelles
Au jardin d'éden, l'opacité des jours hume d imperceptibles fragrances
A la soie des baisers naissent d'étonnantes saveurs
L'étreinte est voyage
Elle déploie les parchemins et dénoue les tuniques
A fleur de peau s’émancipent des signes nouveaux
Ils réveillent la mémoire des transhumances libératrices
La peau est aux doigts la promesse d’imperceptibles joies
J'aimerais être ta transhumance
Tes déambulations en nomadisme d' émois
Connais - tu ce chant des terres lointaines
Les pays de renaissance osent les vocalises libératrices
Souffle en communion d’apnée
Au ciel, sourient les anges
Mon ventre t'apprendra comment il sculpte les dunes
Ta chaleur m'apprendra comment ondulent les vagues
Félicité joie jouissante
Communion de la terre et de la mer
La source est chaude à qui sait la boire
Je te serai source offerte et réservée
Je te dirai le chemin
Danserai en découverte de toi
Guiderai de mes doigts ton souffle et tes apnées
Pour nous le temps n'empêchera pas le temps
Le temps d'être joyeux d'antan,de notre enfance
Joyeux du temps de notre beau jeu d'amour innocent
Nos corps en témoins de cette rencontre inévitable …
Le livre était écrit
Nous en avons débusqué les mots enfouis
Heureux et vierges de nos passés
Nouveaux nés à ce cadeau légitimé
…
"J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées,
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir."
Marcelline Desbordes-Valmore (1786 - 1859)
Les noeuds se sont défaits , les roses sont restées ...
J'en respire encore le parfum
Je te les offre, elles sont tiennes
...