Aigreur en oraison d’étranges dormitions
Honte sur vos paix de pacotilles
Honte sur vos conciliations
Que monte la rage des silencieux
Que s’arment les femmes aux corps des sentinelles
A trop se taire se meurent les guerrières
Et que gronde la révolte au créneau des écumes
Et que résonne le chant des abysses opprimés
La Mer, cette nuit a épousé le rouge
A en rire, à en crier et perdre haleine
Rouge de sang aux promesses avortées
Rouge des menstrues aux marées incessantes
Rouge de colère aux orages des cieux
Rouge cramoisi à vos soutanes vieillies
Rouge indélébile au tocsin de folie
La cathédrale de Mer ouvrira ses portes
J’ai le cœur en exil et l’âme disloquée
J’ai mal au monde et froid en son antre
Rouge sordide des fillettes excisées
Rouge de honte des enfants mutilés
Rouge de sang des paroles abolies
J’ai la colère aux veines et le cœur en effroi
Et vous voudriez que je dorme tranquille
Rouge écarlate des réfugiés niés
Rouge givré des mendiants esseulés
Rouge de condescendance des pièces déposées
Rouge muet des regards détournés
Rouge aux poignets des écrits censurés
Rouge au cœur des libertés volées
Rouge de détresse des enfants armés
Rouge déraison des soldats enivrés
Rouge de cri des langues arrachées
Rouge trahison des plaintes ignorées
Rouge aux joues des hontes imposées
Rouge aux doigts des vieux abandonnés
Rouge aux seins des mères violées
Rouge au bras des enfants arrachés
Il était dit qu’en ces lieux s’inaugurerait une paix rédemptrice
Le temps serait de mise
Quoi de mieux que ces flots colorés pour une âme désertée
J’ai le cœur en exil et la tête anesthésiée
Sang des relevailles aux promesses de nouveaux – nés
Sang de la vierge en noces consenties
Sang des innocents aux accents de liberté
Sang de délivrance aux chaînes rouillées
Sang de promesses aux mots délivrés
Vous pensiez donc, Hommes bien pensants, que je me contenterais de vos abjections ?
L’horreur a déteint au socle des dalles
Et c’est fête carmin au banquet des épaves
Le derrick ressurgit des flots
Il chante à l’immensité
Ne le voyez-vous pas fendre les crinières d’algues rougies ?
Il est au noir de mer un rouge de révolte
Et c’est danse endiablée au sein des Eaux troublées
Le vaisseau sort de ses gonds
Il s’enivre de sel, dessine le gouvernail
Que se gonflent les voiles aux encres de la nuit
Sextant et boussole osent un nouvel oracle
Point de pointillés en cette gestation
Juste une espérance de vie pleine et ample
Et c’est chant de guerre pacifiant aux entrailles d’Océan
J’ai le cœur en déroute et l’âme en désarroi
Tendant mes arcs pour mieux vous défendre
Reniant les lois pour oser vous chanter
Bravant l’interdit pour ouvrir votre voix
Rouge de bouquet tendu pour mieux vous laisser dire
Que se reposent les voiles au sortir de l’enfer
D’avoir trop longtemps gît s’ébroue le cœur en apnée
S’arrêter un instant et oser cette trêve
La paix trouve asile au palpitant d’espoir
Rouge de braise aux nuits figées
Rouge de framboises aux lèvres desséchées
Rouge de soie au corps fatigué
Rouge de pétales au lit défait
Et je m’étendrai là, ermite d’un instant
Savourant l’accalmie de l’onde recueillie
Coupelle vermeille d'un destin à écrire
…
Lire et se taire et boire la substance.
RépondreSupprimerTout cela est très beau et m'émeut au plus profond.
merci, je t'embrasse
maria-d