dimanche 26 juin 2011
dimanche 19 juin 2011
Il est des promenades qui ressemblent à des livres...
Il est des promenades qui ressemblent à des livres …
Des étangs qui regorgent de mots épuisés …
Cette nuit, je bois
Je bois cette eau ambrée et brûlante qui s’est noyée en moi il y a 799 secondes exactement
Je suis sortie m’abreuver en cet étang minuscule qui sommeille là, au pied du lit
Il est, au pied des couches solaires des cathédrales de verre
Je me suis noyée aux pages d’un livre obscur
Là, au pied du lit
Juste poser un pied et me laisser glisser
Une flaque de rien
Une laque ambrée gisante
Promesse en liesse démembrée
Et doucement, épouser ces quelques centimètres
Sommeils aphones aux larmes de sang
Le sang n’étant plus le sang mais bien cet or rouge des vaincus
Entrer de tout corps en cette glaise originelle
En aimer le dégoût jusqu’à la déchirure
Et là, ramper doucement au goudron des semailles avortées
Traverser cette vague angoissante et menaçante et oser le plongeon
Là, en cette flaque tentatrice
L’or des gisants distille en Verbe neuf le passage du seuil
Le corps n’étant plus le corps mais bien cette chair qui me sert de vaisseau
La traversée se fera sous eau, en apnée
Apnée de vos transhumances interdites
Il est au pied du lit un désert de feu
Enfoui, là, aux bras d’une flaque
Puisqu’il est dit que je ne peux vous Vivre
Je graverai mon destin aux Vaisseaux engloutis
Et bien que brisée et démantibulée, je me relèverai de mes cendres …
Fluide et souple aux blessures inscrites
Je m’endormirai là, au pied de ce lit
Roulée en boule et silencieuse
Une larme de sang glissant au poignet gauche
...
samedi 18 juin 2011
Trêve nocturne ...
« C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde.
De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’ère ni de gîte
Qui n’avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille.
En l’an de paille sur leur erre … Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !
Flairant la pourpre, le cilice, flairant l’ivoire et le tesson, flairant le monde entier des choses…. »
Saint-John Perse
Ce sont de très grands vents au faîte du vaisseau.
Et là, au lit de l’étang, sommeille le rouge …
J’entends la pluie et je me demande quel effet elle aura sur le tableau ?
Le rouge primordial s’est habillé d’une nuance rouge, huile d’olive, yaourt, acajoutine, semences de fleurs et peinture à l’huile …
J’espère une métamorphose, j’aime ces peintures alchimiques qui se déclinent au fil du temps …
Ce sont de très grands vents et pluies qui enhardissent ma vie …
Echos virulents de cette volonté à vivre …
Les tableaux ne dorment pas la nuit
Ils ont l’envergure des grands vaisseaux
Et alors que vous les croyez sagement rangés, ils farandolent et laissent au vent leurs parfums insondables
Humez donc le vent, il est messager de création et des mots
Amant exigeant, il délie les corsages et affole les jupons
Glissant ci et là des éclats de palettes et de poésie
Le chagrin du temps rit aux pluies de tempête
J’ai emprunté ce jour la vague haute et affolée
Je suis entrée en nuit, une écharpe de vent au cou
Les anges se paraient là, au loin, d’étoiles discrètes
Solitude choisie à l’immensité des eaux primordiales
L’instant !
Tableau rouge souriant à la trêve nocturne
…
Songe à celà, plus tard, qu'il t'en souvienne ...
« … Et, dieu de l’abîme, les tentations du doute seraient promptes
Où vient à défaillir le Vent … Mais la brûlure de l’âme est la plus forte
Et contre les sollicitations du doute, les exactions de l’âme sur la chair
Nous tiennent hors d’haleine, et l’aile du Vent soit avec nous ! »
Saint – John Perse
« J’ai livré mes jours à un abîme qui monte et descend sous mon attelage
J’ai creusé ma sépulture dans mes yeux
Maître des ombres, je leur donne ma nature
Hier, je leur ai donné ma langue et j’ai pleuré pour l’histoire vaincue qui trébuche sur mes lèvres
Pour la terreur dont les arbres verts ont brûlé dans mes poumons.
Maître des ombres, je les frappe
Je les mène avec mon sang, avec ma voix.
Le soleil est une alouette à qui j’ai tendu mes collets
Le vent est mon chapeau. »
Adonis
« Et là, affolés au vent qui les fouettent, s’élargissent les naseaux
Le maître des chevaux fantômes débride les encolures
Brider les chevaux les rend plus impérieux encore
Ils cambrent leur échine
Délacent en un tour de rein les chaînes des corps complices
Et là, au sang des peaux arrachées
Ils offrent aux alouettes des crins d’acajou
Les nids aux faîtes des vaisseaux n’ont cure de vos promesses
Ils bravent les tempêtes et se drapent d’audace
Les vents, de jour comme de nuit sourient aux messagers de l’oubli
C’étaient des hommes et femmes libres au passage des éclipses
Ils hantent les vastes plaines et piétinent vos horloges
Vos temps ne seront plus les leurs
Vos vents ne sont plus leurs vents
Proue délivrée aux vaisseaux en partance … »
Kaïkan
« J’ai détruit mon royaume
J’ai détruit mon trône, mes places et mes portiques
Et retenant mon souffle, je suis parti chercher
Apprendre à la mer mes pluies
Lui livrer mon feu et mon brasier
Inscrivant le temps à venir sur mes lèvres.
Aujourd’hui, j’ai mon langage
J’ai mes frontières, ma terre et ma marque
J’ai mes peuples qui me nourrissent de leur incertitude et s’éclairent de mes décombres et de mes ailes »
Adonis
« C’est en ce point de ta rêverie que la chose survint : l’éclair soudain comme un Croisé ! – le Balafré sur ton chemin, en travers de ta route.
Comme l’inconnu surgi hors du fossé qui fait cabrer la bête du Voyageur.
Et à celui qui chevauchait en Ouest, une invincible main renverse le col de sa monture, et lui remet la tête en Est. « Qu’allais-tu déserter là ?... »
Songe à cela plus tard, qu’il t’en souvienne !
Et de l’écart où maintenir avec la bête haut cabrée, une Ame plus scabreuse »
Saint – John Perse
lundi 13 juin 2011
Comment décrire ...
Comment décrire cette expérience du rouge ?
Je m’y replonge à postéori, réveille en mon âme ce voyage intérieur vers une nuit d’avant les origines, un voyage où le temps et l’espace n’existaient pas encore car il s’agit bien de cette sensation, un aller simple vers cette terre connue, reconnue en intuition, comme une mémoire d’ après la nuit des temps …
La nuit des temps est d’une autre opacité, il me faudra la sonder …
Et je perçois tout à coup ce qui m’a menée en cette exploration …
Cette quête inlassable de sonder l’invisible, de toucher, hors de toute représentation ou sentiment aux forces occultes de cet invisible …
S’il est une force spirituelle derrière chaque couleur, je ne sais …
Juste cette intuition de plonger en un non espace et non temps …
Juste un étonnement , l’interrogation de cet espace, sans angoisse, sans joie, sans débordement, en cette exploration vierge de se laisser inviter et parler un autre langage …
Un verbe d’avant le verbe, une opacité chaleureuse , neutre …
C’est cette neutralité qui m’interpelle, un voyage en pensée de cœur, comme si la rencontre exigeait une autre disponibilité, hors et terriblement en soi …
En et en delà de soi …
Je touche en cet instant en cette expérience mystérieuse de la couleur et cela est grandiose …
Tout commence par ...
Tout commence par une volonté douce d'expérimenter la couleur
J' aiguillonne ma recherche en plaçant ci et là dans mon antre des variations colorées de fruits et de fleurs rouges
Mon oeil ne voit plus que ces touches recherchées, où que j'aille, quoi que je fasse, ces vibrations écarlates m'interpellent
Je lis le monde à partir d'un autre espace intérieur
Et puis, ce jour, j'entre en expérimentation
Surtout ne pas m'évader en forme ou geste impulsif
Cette démarche exige une grande concentration, une réelle rencontre en toute objectivité, en tout accueil non prémédité ...
J'ai méticuleusement mélangé du crimson lake, alizarin et un pigment rouge dont je ne connais plus l'origine
Prendre le temps d'unifier ce mélange, doucement en perception texturée et olfactive
Et puis, j'ai commencé à recouvrir la toile
Méticuleusement, coups de pinceau posés avec modération
Et ce que je pressentais s'est produit
J'ai été happée par la profondeur de ce rouge
Comme une chaleur intérieure, un peu mate qui se appelle à la rejoindre
Je laisse reposer ce fond, il s'habitera d' une variation minimale en grands à plats
Apprendre la patience et le respect du temps
...
L'odeur de l'amour ...
" L'odeur de l'amour dans les maisons closes
Est celle des marées chéries des iguanodons
Ce n'est pas une odeur conjugale
Mais une odeur où la préhistoire se révèle
C'est donc amusant de n'être qu'une cellule vivante
Etalée sur un divan de velours rouge
Cependant que le jazz band infernal de Paris
Rythme la danse quotidienne des affaires "
Mac Orlan
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