« … Et, dieu de l’abîme, les tentations du doute seraient promptes
Où vient à défaillir le Vent … Mais la brûlure de l’âme est la plus forte
Et contre les sollicitations du doute, les exactions de l’âme sur la chair
Nous tiennent hors d’haleine, et l’aile du Vent soit avec nous ! »
Saint – John Perse
« J’ai livré mes jours à un abîme qui monte et descend sous mon attelage
J’ai creusé ma sépulture dans mes yeux
Maître des ombres, je leur donne ma nature
Hier, je leur ai donné ma langue et j’ai pleuré pour l’histoire vaincue qui trébuche sur mes lèvres
Pour la terreur dont les arbres verts ont brûlé dans mes poumons.
Maître des ombres, je les frappe
Je les mène avec mon sang, avec ma voix.
Le soleil est une alouette à qui j’ai tendu mes collets
Le vent est mon chapeau. »
Adonis
« Et là, affolés au vent qui les fouettent, s’élargissent les naseaux
Le maître des chevaux fantômes débride les encolures
Brider les chevaux les rend plus impérieux encore
Ils cambrent leur échine
Délacent en un tour de rein les chaînes des corps complices
Et là, au sang des peaux arrachées
Ils offrent aux alouettes des crins d’acajou
Les nids aux faîtes des vaisseaux n’ont cure de vos promesses
Ils bravent les tempêtes et se drapent d’audace
Les vents, de jour comme de nuit sourient aux messagers de l’oubli
C’étaient des hommes et femmes libres au passage des éclipses
Ils hantent les vastes plaines et piétinent vos horloges
Vos temps ne seront plus les leurs
Vos vents ne sont plus leurs vents
Proue délivrée aux vaisseaux en partance … »
Kaïkan
« J’ai détruit mon royaume
J’ai détruit mon trône, mes places et mes portiques
Et retenant mon souffle, je suis parti chercher
Apprendre à la mer mes pluies
Lui livrer mon feu et mon brasier
Inscrivant le temps à venir sur mes lèvres.
Aujourd’hui, j’ai mon langage
J’ai mes frontières, ma terre et ma marque
J’ai mes peuples qui me nourrissent de leur incertitude et s’éclairent de mes décombres et de mes ailes »
Adonis
« C’est en ce point de ta rêverie que la chose survint : l’éclair soudain comme un Croisé ! – le Balafré sur ton chemin, en travers de ta route.
Comme l’inconnu surgi hors du fossé qui fait cabrer la bête du Voyageur.
Et à celui qui chevauchait en Ouest, une invincible main renverse le col de sa monture, et lui remet la tête en Est. « Qu’allais-tu déserter là ?... »
Songe à cela plus tard, qu’il t’en souvienne !
Et de l’écart où maintenir avec la bête haut cabrée, une Ame plus scabreuse »
Saint – John Perse
Quelle connivence et harmonie entre ces fils et fille du Vent !
RépondreSupprimer" Le soleil est une alouette à qui j’ai tendu mes collets
RépondreSupprimer(...)
C’étaient des hommes et femmes libres au passage des éclipses
Ils hantent les vastes plaines et piétinent vos horloges
Vos temps ne seront plus les leurs (...) "
Adonis et toi vous donnez la réplique...
Exprimer sans trève ce qui fleurit en nous,
Regrets et rêves compris...
Beau dimanche à toi de même, Kaïkan !
J'aime tout ceci, si fort si beau, si charnel et de sang, j'aime toute cette vie... mais c'est ici que je fais le choix de m'arrêter un peu pour converser avec toi avec eux, ces vertébrés d'or.
RépondreSupprimerJe t'embrasse amie de coeur et d'âme