dimanche 30 décembre 2012

Sixième Nuit Sainte ...


La 6ème nuit voit les  Golden Yellow et Transparent Ocre rejoignent les Terre de Sienne brûlée, Orange, vermillon, Carmin, Magenta ... 

"Nuit du 29 au 30 décembre 2012 : le Golden yellow et Transparent Gold Ocre ont rejoint les Terre de Sienne brûlée, Orange, vermillon, Carmin, Magenta ...
Et d'énumérer ainsi les tons, je revis à chaque fois les étapes et émotions mais cette nuit, il s'en est fallu de peu que tout ne sombre ; j'avais opté pour un Jaune Cadmium : assassin, d'une opacité qui tuait tout le reste ...
 Bon, j'ai beau me dire que je respecte le chemin que je me suis tracé, faut pas exagérer quand même ...
 Alors, d'effacer au White Spirit cette couche mortifère , un peu d'autres voiles s'en sont allés aussi ...
 Peu importe, je me suis sentie revivre à cet instant même ... et là, le voile ocre semble dorer un peu les rouges ...
 Demain me dira à la lumière du jour ... Dehors, il pleut, je viens d'ouvrir la porte car les vapeurs d'huile et de white sont prenantes en ce petit espace qui est à la fois pièce de vie et atelier ...
 Cette pluie et la fraîcheur entrante me vont bien, elles viennent habiller la mélancolie qui est mienne cette nuit ..." : écrit cette nuit juste après avoir vécu l'expérience du Jaune ...

"Je suis revenue ici …
En ce pont grisant qui transperce les flots
L’errance m’a menée loin
 A des lieues et des lieues de vos rivages
Et ce sont voiles colorés qui m’ont guidée de nuit
J’ignorais alors leur invisible dessein
Et c’est tristesse en mon âme
Comme de jeter au loin les habits de parade
Je me tiens nue en ces eaux troublées
Les ans ont agi de concert, imperceptiblement, sûrement
Bas les masques, que s’éveille un vent de tempête
Celui-là même qui me donne chair et ravive mon esprit
Que dansent les voiles aux cordages dépareillés
Le cap sera d’instinct et les routes d’écume
La mélancolie cette nuit me donne envie d’envol
J’ouvrirai mes ailes aux mâts de misère
M’inventerai des rivages incertains
Bas les masques, que se lève un vent de franchise
Je me poserai en ce pont et laisserai couler les larmes
Une mèche rebelle aux coiffures figées
Que ferai-je, femme vieillie aux parois du destin
Que viennent à moi les miroirs de Vrai
Que s’osent les reflets d’or et de gris
Que se répudie le songe s’il n'est de chair
Il est temps de réveiller les mues
Que se lève le vent aux frissons d’un temps neuf
Les voiles se sont hissés, de Magenta, de Carmin, de Vermillon et d’Orange
Songes encore d’un passé d’au-delà
Le Terre de Sienne brûlée a retourné le passé en présent
Que soufflent des Vents nouveaux aux promesses à construire
Le Jaune s’est insinué, assassin, opaque, castrateur
Je me suis réveillée d’une mort préméditée
Ai osé la révolte et effacer les oracles
Que se lève un Vent de Liberté,
Que gronde l’Océan aux coffres ouverts
Je préfère à la promesse d’un soleil aveuglant la sueur d’une terre d’Ocre
Que se voile cet astre trop tôt né
Je tourne la face et en saisirai ce qui me sied
Je n’ai qu’à faire de vos éclats et vos modèles assis
La femme vieillissant ouvre la cape et agite ses ailes
L’oiseau est d’envergure, le vol assuré
Le doré du ciel se souvient des Mystères
Renaissent des Temples secrets les promesses avortées
Le miroir n’a de tain, il reflète l’intérieur
Que se lève le Vent des Humbles
Il parle aux oiseaux et s’invite à nos tables
Et c’est Vent d’allégresse au Devenir des Hommes
La Solitude ce soir me sera pierre à rouler
Je retournerai la tristesse de l’intérieur et entonnerai un chant de grâce
Que gronde Eol aux cœurs des soupirants
Je tendrai l’oreille aux frémissements des marées
Il est en l’Océan des Vaisseaux solitaires
Que danse ce Vent nouveau aux jupes de toile
Que se gonflent les dentelles des voiles mouillées
Il est aux Vaisseaux solitaires des Amants audacieux
Et j’irai silencieuse à vos tables oubliées
Il est des gestes fous aux repas des Noces désertés
J’oserai un Vin nouveau au granit des sureaux
Que fermente la sève aux tonneaux des noyés
L’Océan entonne un chant d’outre-tombe
Et c’est chant oublié aux épaves endormies
La femme d’âge s’aventure en ces lieux
Elle soulève les vagues et renverse les linceuls
Il est aux Vents des Morts des sons à inventer
Que se lèvent les voiles à l’apocalypse des Justes
Et c’est astre renversé aux sourires édentés
Et c’est cohorte d’Hommes et de Femmes aux cérémonies improvisées
La Femme cette nuit retrouve ses mots
Il est au recueil des nuits des renaissances inattendues
Et j’irai seule encore aux faîtes des écumes salées
Brandissant le lys aux fragrances des algues
Je me draperai d’or et de corail
Amante encore d’une promesse à venir
… "


Voici le Jour à présent et une autre rencontre avec la toile, complémentaire, une expansion de point de vue ...
J'ai souvenir de la lutte et de l'enjeu de cette nuit et ces moments de retournement me sont baume au coeur ...Longtemps aussi que je n'avais écrit, l'écriture naît souvent comme une explosion, comme un trop plein se frayant irrémédiablement chemin au-delà de ma volonté ...
J'en ressors souvent soulagée, épuisée, guerrière debout ...
Cet enjeu du Jaune, ce choix d'intervenir au-delà du prémédité m'est salvateur ...
Garder toute liberté face à la " Tradition " à l'école du poser et du Peindre ...
Il m' est en tout acte de créer quelque chose de la transgression , à la fois fascinée du Savoir faire des Anciens et cette impulsion qui est mienne de défaire, triturer, malaxer, poser et ôter qui me tient au corps, à l'intuition ...
C'est celà de moi que j'ai laissé parler hier, c'est cette intimité avec la toile qui me donne l'audace de briser carcans et "recettes " pour chanter l'expérimentation ...
Conjuguer cette individualité avec ce chemin méditatif sur les Nuits Saintes m'offre de nouvelles destinations ..
. Et de repenser au temps où j'écrivais des icônes et cherchais ma propre expression de spiritualité ..
. J'ai délaissé les modèles écrits et suis allée mon propre chemin, hors toute église loin de tout dogme car à mes yeux, le religieux se vit en intime, en expansion, en bouquet libre, je n'ai cure des Eglises et des appartenances ...
Mon monde est ailleurs, bien au-delà, bien au-dedans ...
La couche ocrée de cette nuit brille doucement comme un murmure pudique, la lumière du jour s'y accroche ci et là ...La communication est créée , le lien bien présent ...
Et j'affirme , qu'ici, maintenant, ailleurs et dans mille ans, celà est vrai ... 

2 commentaires:

  1. Kaïkan je vous souhaite une année 2013 sereine, créative et pleine d'heureux imprévus

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  2. S'ils sont heureux, je les prends avec joie, ces imprévus, Ulysse ;-))
    Une belle année de randonnée et contes déambulants à vous aussi ... Au plaisir de vous lire à nouveau ;-))

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